Bienvenue sur Terre, petit trésor

Après des années d’attente, de doutes, de traitement et de suivi médical éprouvant, voilà que l’on apprend qu’un petit être a choisi de faire de nous des parents. Quel indicible bonheur ! Des émotions puissantes nous envahissent et nous accompagneront encore bien des mois. Je souhaite accoucher en maison de naissance, Raphaël me suit volontiers dans ce choix et l’implication de la médecine dans notre parcours n’a fait que renforcer ce désir.

Malgré un début très nauséeux, je vis une grossesse merveilleuse, hors du temps. J’aurais volontiers continué encore un peu !

Le terme arrive mais bébé préfère rester encore quelques temps au chaud. 7 jours après terme, je ressens une sensation nouvelle que je pressens être le tout début des contractions. Comme c’est prévu à ce stade, nous nous rendons à l’hôpital pour un contrôle. On fait un monitoring et la sage-femme balaie mes impressions : ce ne sont pas des contractions, juste de « l’activité utérine ». Vient ensuite l’échographie et là, tout s’effondre. Bébé manque de liquide, il faudra provoquer le soir même. En salle de contrôle, on appelle Caroline qui discute avec le personnel de l’hôpital mais confirme leur décision, le cocktail Tilia n’est pas approprié. Elle nous propose de contacter l’acupuncturice qui nous accueillera en fin de matinée et de revenir la voir à Tilia à 15:30. Le temps passe et plus de doute, « L’activité utérine » devient de véritables contractions, intensifiées par l’acupuncture. C’est bon, j’échapperai à la provocation chimique, quel soulagement. Les contractions se rapprochent mais on ne se stresse pas: on a rendez-vous avec Caroline, pas besoin de s’affoler avant.

En arrivant à Tilia, je vomis devant un pauvre couple de futurs parents venu visiter la maison de naissance… une fois installée, je ressens le besoin de chanter. Raphaël me suis dans cette initiative et m’encouragera de la sorte à chaque contraction. Ses mains soulagent le bas de mon dos, leur contact me fait du bien. Caroline me met le monitoring car le liquide qui normalement atténue le choc des contractions pour le bébé est quasi inexistant. Et effectivement, le bébé semble peu à peu souffrir. on se déplace alors à l’hôpital. Le trajet s’effectue calmement, Raphaël conduit posément et Caroline m’accompagne sur la banquette arrière dans chaque contractions. Curieusement, La maternité se trouve au bout d’un couloir interminable pour une femme sur le point d’accoucher. Comme il n’y a personne à l’accueil et que les chaises roulantes sont enchaînées, Caroline utilise son système D et emprunte la chaise de bureau de l’accueil pour me conduire à la porte de la maternité. C’est elle qui m’installe et puis nous quitte. C’est dur de la voir partir mais les événements ne nous laisse pas y songer bien longtemps.

J’ai besoin de pousser, la sage-femme s’aperçoit alors que la poche des eaux n’est pas rompue et que c’est ça qui descend à chaque contraction. Elle la perce et l’envie de pousser cesse.

Mon rêve Tilia s’est évaporé et je jette l’éponge: si ce n’est pas à Tilia alors prenons la péridurale. Lorsqu’on me la pose, je suis à 7 cm de dilatation, les contractions sont plus rapprochées que toutes les minutes, je n’ai pas de répit, ce qui complique un peu la tâche de l’anesthésiste. Puis, la douleur disparaît, c’est le calme plat pendant quelques heures. Ma confiance en moi disparaît en même temps que la douleur. Je n’ai pas réussi à résister à la péridurale, est-ce que ça signifie que même pour un prochain enfant je serais incapable d’accoucher à Tilia? La sage-femme me rassure, elle est très bienveillante avec nous, félicite Raphaël pour sa présence active à mes côtés.

L’équipe de nuit arrive, je n’ai pas d’atome crochu avec cette équipe. Elle décide que le début des poussées sera pour 23:00. 23:30 toujours pas de bébé, ça s’agite autour de moi, la nurse, la sage-femme et l’assistante me disent chacune des indications différentes, je ne sais plus quand pousser, d’autant que naturellement, avec la péridurale je ne ressens pas le besoin de pousser que j’ai pourtant expérimenté plus tôt… Raphaël repère ma détresse et s’impose à mes côtés, repoussant ainsi la nurse. c’est dès lors lui et que lui que j’écouterai, il est parvenu à créer une bulle autour de nous. Donc 23:30, après 30 minutes de poussées, on appelle la brutale et antipathique gynécologue cheffe pour utiliser la ventouse, ça me semble prématuré mais elles suivent sagement le protocole… un coup de ventouse et voilà que notre petit bébé pousse un vigoureux premier cri à 23:54. On me le pose sur le ventre, quelle puissante émotion !

Après plusieurs minutes, la sage-femme me demande si on sait le sexe, je réponds que non mais ça n’a tellement pas d’importance, le bébé va bien! C’est un p’tit gars en pleine santé qui tète tout naturellement. Bienvenue parmi nous, petit Maël !

Ça s’agite encore un peu puis on nous laisse en famille.

On nous amène en chambre, je protège du mieux que je peux mon petit bébé de la violence des néons hospitaliers. Par chance, Raphaël pourra rester vers nous cette nuit car la chambre est inoccupée. Au matin, c’est le ballet du personnel: petit déjeuner, ménage, planning familial, contrôle du pédiatre, etc. Quelle effervescence, nous qui rêvions de nous découvrir calmement en famille…

J’espérais au moins faire ma convalescence à Tilia mais voilà, ma vessie refuse de bien se vider, je serai sondée toutes les quatre heures, jour et nuit. c’est douloureux et j’aspire tant à ce qu’on laisse cette partie de mon anatomie en paix… on me garde 4 jours à l’hôpital d’où l’on chasse Raphaël chaque soir. Je vis très mal cette séparation, je regrette cette fichue péridurale qui m’a flingué le système urinaire en même temps que ma confiance en moi et que la richesse des premiers jours en famille. Heureusement, je suis bien aidée puisque Raphaël arrive chaque matin avant 7h et ne repart que quand on le lui demande et que Maël est un bébé adorable.

Notre retour à la maison et les semaines qui suivent sont des moments merveilleux, on se découvre en douceur, dans notre cocon avec un bonheur délicieux.

A l’heure d’écrire ce texte, Maël a trois ans et un petit frère, né à Tilia ! il est temps pour nous de prendre un peu de distance avec le havre de paix de la maison de naissance. Pourtant, chaque intervenante et chaque instant vécu là-bas resteront à jamais gravés dans nos mémoires et surtout dans nos cœurs.

     

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