Témoignage de Marie, Vito, Matilda et Rosalie
« Mon mari et moi vivions au chemin des Valangines à l’époque, juste en face de la maison de naissance. Lorsque je suis tombée enceinte de notre première fille, en 2020, nous n’avons pas envisagé l’accouchement à Tilia. Cependant, nous nous sommes quand même rapprochés de l’équipe pour de l’haptonomie et de l’acupuncture pendant ma grossesse. Un premier contact avec les murs de la maison et les sages-femmes.
La naissance de notre aînée n’est pas un accouchement de rêve. Je perds les eaux mais aucun travail ne se met en route. Je supporte comme je peux les contractions induites chimiquement à l’hôpital pendant de trèèès longues heures, je finis avec une péridurale et notre fille naît avec la ventouse 3 jours (si, si !) après la perte des eaux. Malgré tout, nous le vivons bien. Sur le papier, cet accouchement n’aurait pas pu se faire en maison de naissance.
3 ans plus tard, en début de 2ème grossesse, nous pensons repartir pour un accouchement à l’hôpital. Par un heureux hasard, ma fille aînée lie une forte amitié avec une copine de crèche qui se trouve être la fille de Mathilde, sage-femme à Tilia. On échange beaucoup, j’aime son énergie et la manière dont elle parle de son travail. Je dis à mon mari que j’aimerais accoucher à Tilia, il est emballé par le projet!
Ma grossesse se passe bien, je prépare mon post-partum et tente de visualiser la naissance de ce 2ème bébé. Effectivement, j’ai du mal à faire confiance à mon corps qui n’a pas su démarrer des contractions tout seul pour mon premier accouchement. De plus, je garde en mémoire la désillusion de cette première naissance. Je n’avais jamais eu peur d’accoucher avant mon premier enfant. Pour ce 2ème, j’ai les « miquettes »! Que les contractions ne viennent pas, d’avoir aussi mal, que cela dure des heures épuisantes. J’échange avec les sages-femmes de Tilia, elles sont toutes d’un grand soutien et me transmettent des astuces pour gérer ces peurs.
16 avril 2024, jour du terme: il ne se passe absolument rien, comme depuis des semaines. Le soir du 17 avril, je décompense un peu et je pleure. Les nerfs lâchent. Les mêmes peurs sont toujours là, j’ai du mal à faire confiance.
18 avril, 10h, rdv de terme à Tilia avec Mathilde. Elle est de garde aujourd’hui et demain. Pendant le monitoring, je me plains qu’il ne se passe rien mais que c’est un peu humide là en bas. Elle fait le test pour savoir si c’est du liquide amniotique (poche fissurée), résultat négatif. On rentre chez nous.
Midi, à table je commence à ressentir des petites contractions. Elles sont légères et passent vite. Je dis à mon mari que ça peut être une fausse alerte. Je prends un bain devant une série. Dans le bain, les contractions s’intensifient graduellement. C’est si gérable que je me dit toujours que c’est une fausse alerte. Mon mari commence à froncer des sourcils: il appelle Mathilde pour la prévenir que quelque chose se trame. 14h30, je lui dis d’aller prendre un goûter en ville avec notre fille, j’ai besoin d’être seule. Dès qu’ils partent de la maison, les contractions montent d’un cran. Je n’arrive plus à regarder ma série. C’est intense mais j’attends le niveau de douleur de mon premier accouchement pour aller à Tilia. 15h, j’écris à mon mari qu’il peut confier notre grande à ma belle-mère, juste au cas où. 16h30, il revient seul à la maison, il a eu Mathilde au téléphone à nouveau: rdv à 17h30 à Tilia. J’ai peur que cela soit trop tôt ! On se poste derrière notre porte d’entrée, on attend la fin d’une contraction et on pique un sprint vers tilia ! Loupé ! Une contraction arrive en chemin et je me suspend au lampadaire du chemin des Valangines.
On retrouve Mathilde qui me propose le bain. Pour moi, c’est trop tôt, je veux garder le bain pour le « finish » mais j’adhère. Dans le bain, Mathilde mesure le col: 9cm ! On est choqué ! J’ai fait tout le travail à la maison, sans en être vraiment consciente. Je passe 1h30 dans le bain et Mélina, la 2eme sage-femme arrive pendant ce laps de temps.
A un moment donné, je mets mes doigts et je sens très bien la tête du bébé avec la poche par dessus. Waouh ! C’est fou, je n’en reviens pas de vivre ça ! Je dis à Mathilde « je touche la tête…et la poche! », elle me répond « tu peux la percer, si tu veux ! ». Je m’exécute sur la prochaine contraction, je déchire la poche avec mes ongles, c’est magique ! Aujourd’hui encore, j’ai le ressenti, dans mes doigts, de cette poche qui se déchire délicatement pour me laisser toucher le crâne de mon bébé.
Dans le bain depuis un moment, Mathilde me propose d’en sortir pour changer de position.
Je suis incapable de savoir de quoi j’ai besoin, je me laisse guider par Mathilde et Mélina. On m’installe sur la chaise maya, mon mari derrière moi. Une 3ème sage-femme arrive, Marushka qui se forme pour rejoindre l’équipe de Tilia. Assise sur cette chaise, je remarque ces trois femmes accroupies qui m’observent en silence. Je me sens telle une lionne, dans la savane, entourée de ses pairs. C’est trop bien!
Je pousse mais je sens mes jambes qui tremblent. Je finis par m’écrouler à quatre pattes sur les tapis étendus devant moi. C’est là que je vais tout donner pour donner naissance. Je ferme les yeux, ça brûle une seconde et puis je le sens sortir. Mathilde, qui a récupéré le bébé à sa sortie, me le présente. Il crie avec les bras grands ouverts. Je suis dans un autre monde, sonnée, très impressionnée par cette petite fille!
Mon mari me glisse à l’oreille qu’il fait encore jour et qu’on est la seulement depuis 2h. J’ai le souvenir d’atterrir à ce moment-là. Je balaie la salle de naissance des yeux, mais oui ! Il fait encore jour, il est 19h40! Les heures qui suivent sont extraordinaires, en dehors du temps. Le soleil se couche, on commande une pizza et un coca, on profite allègrement de ces premières heures avec Rosalie, notre 2ème fille! Quel bonheur!
Les chambres d’hôtes étaient toutes occupées à notre arrivée. Un couple ayant accouché 3 jours plus tôt, qui m’a certainement entendue, s’est proposé de libérer la leur. Ils sont partis discrètement pendant la soirée. C’est aussi ça, la magie de Tilia: la solidarité invisible entre les familles.
Je suis marquée par l’accompagnement et la douceur des jours qui ont suivi la naissance de Rosalie et j’y repense souvent. C’est une telle chance que de pouvoir faire suivre sa grossesse, accoucher puis se faire accompagner en post-partum par les mêmes visages, les mêmes mains, les mêmes voix. Un an après, je n’ai pas les mots pour remercier assez Mathilde, Mélina, Marushka, Myriam, Charlotte et toute l’équipe de Tilia. Que cette maison poursuive sa mission de vie pour très longtemps, pour tout plein d’autres femmes, tout plein d’autres couples.
MERCI !
Marie, Vito, Matilda et Rosalie »
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