Robin – 21 décembre 2016

Nous avons eu la chance de découvrir Tilia un jour d’avril. Nous venions d’apprendre ma grossesse et n’avions pas encore réfléchi à « la suite », à comment nous aimerions accueillir notre bébé ni au suivi que nous souhaitions… Nous ne connaissions pas vraiment les maisons de naissance et personne de notre entourage n’y avait accouché. Ma gynécologue m’avait tout simplement fixé un rendez-vous pour le mois suivant sans que j’ai le temps de lui poser toutes les questions que nous avions sur tout ce qui nous attendait ces prochains mois. Sur les conseils d’une amie sage-femme, je contacte Tilia.

Myriam accepte de nous rencontrer, de nous présenter la maison de naissance et de répondre à nos nombreuses questions. Nous avons tout de suite été séduits par l’atmosphère que dégage la maison de naissance. Un vrai cocon de douceur, tout comme Myriam qui a été très à l’écoute et patiente ce jour-là. Nous étions encore un peu frileux quant à l’accouchement en maison de naissance, principalement par la peur d’une complication mais sûrement aussi par l’image de l’accouchement que nous avions. Mais cette première rencontre m’a convaincue de revenir à Tilia, au moins pour le suivi de grossesse. Au fil des mois, des rendez-vous avec Myriam puis Caroline puis Clémence et des rencontres avec Magali pour les cours d’haptonomie, j’ai pris confiance en moi.

Ma grossesse était « harmonieuse » et comme me l’avait répété Magali, « il faut avoir confiance en toi, en ton bébé, en vous ». Bryan a finalement été séduit à son tour par ce projet. Accueillir notre bébé à Tilia était devenu une évidence.

Mardi 20 décembre. Mon terme est maintenant dépassé de 3 jours. Nous avons rendez-vous le lendemain matin avec Caroline pour un contrôle. Nous avions passé le week-end précédent à se balader pendant des heures pour tenter d’accélérer les choses. Ce soir-là comme s’il avait pressenti quelque chose, Bryan a terminé de ranger son bureau au travail. Nous nous couchons plus tôt que d’habitude. Mais à 23h45, alors que nous dormions depuis une heure seulement, je me réveille avec l’étrange sensation d’avoir uriné. Je me lève alors pour aller jusqu’aux toilettes et là, pas de doute, il se passe quelque chose. Quand je marche ou change de position, je sens un liquide qui s’écoule comme si je ne contrôlais plus mon corps. Je réveille Bryan en lui glissant un « cette fois ça y est ! ». Un sentiment de soulagement m’envahit : une chose est maintenant sûre, notre aventure va pouvoir continuer à Tilia et je ne finirai pas déclenchée à l’hôpital, ce que j’espérai vraiment éviter. Nous relisons encore une fois la feuille donnée par les sages-femmes pour se remémorer « quand appeler ». Comme le liquide est légèrement rosé, après une petite demi-heure d’hésitation, nous décidons d’appeler quand même pour être rassurés.

C’est Clémence que l’on tire du lit ce soir-là. Elle me confirme que ma poche des eaux s’est certainement fissurée et nous demande de contrôler les contractions puis de la rappeler dans une demi-heure. Je prends une douche bien chaude. Les contractions sont là toutes les 5 minutes environ, comme depuis mon dernier trimestre de grossesse et ne sont pas douloureuses pour le moment.
Clémence nous propose alors de se retrouver à Tilia à 1h45. Elle nous confirme que la poche des eaux est bien fissurée. Mon col est à 2 mais est encore large. Le monitoring montre que bébé va bien mais que les contractions ne sont pas encore régulières. On décide d’attendre encore 2h pour voir comment les choses évoluent. Clémence monte se coucher, Bryan s’endort dans le lit de la salle de naissance et j’attends sur mon ballon, bien trop excitée pour réussir à me rendormir maintenant que je sais que nous allons bientôt rencontrer notre petit loup. Les contractions me semblent un peu plus fortes, mais pourtant elles ne s’accélèrent pas encore et mon col n’a pas évolué. Clémence nous propose alors de rentrer chez nous et de se retrouver quelques heures plus tard pour faire le point,
Heureusement, nous avons la chance de n’habiter qu’à une petite dizaine de minutes de Tilia. Nous en profitons pour dormir un peu puis avaler un petit déjeuner. Je prends un bon bain chaud. Bébé semble en pleine forme et continue à gigoter dans mon ventre.

A 8h30, nous retournons à Tilia. Comme rien ne semble évoluer, Clémence me fait boire de l’huile de ricin dans un jus d’abricot qui rend cette boisson un peu plus agréable. Cela devrait permettre d’accélérer les choses dans quelques heures. Nous rentrons tous chez nous.
Un nouveau trajet vers Tilia à 11h30. Dans la voiture, les contractions commencent à être douloureuses. Nous ne le savons pas encore, mais cette fois ce sera le dernier trajet de la journée. Nous avons eu de la chance : Anaïs a un peu de temps pour me faire une séance d’acupuncture. Elle nous installe dans la petite salle, place les aiguilles et revient me voir entre ses rendez-vous. Je suis installée face à la fenêtre, sur le ballon dans lequel je m’enfonce à chaque contraction, la tête dans un coussin. L’huile de ricin fait son effet et l’acupuncture aussi. Bryan s’applique à contrôler le temps entre chaque contraction et me masse le bas du dos.

A 13h30 les contractions sont régulières et de plus en plus intenses. Il rappelle Clémence, nous l’attendons dans la salle de naissance où l’on s’installe avec notre playlist et une bougie pour y mettre un peu de chez nous. J’ai mal, mais j’ai le sentiment de contrôler encore la situation entre ma respiration, le ballon, le coussin et les massages de Bryan.
A son arrivée, Clémence me pose un monitoring toujours sur le ballon pour ne pas perturber l’équilibre que j’ai trouvé pour accueillir les contractions.
Le monitoring est toujours rassurant. Je me déplace jusqu’au lit pour qu’elle puisse vérifier mon col. Il est maintenant à 5. Je suis heureuse de voir le chemin parcouru.

Une demi-heure plus tard les contractions sont de plus en plus difficiles à gérer et je commence à avoir envie de pousser. Je trouve mon rythme grâce aux massages de Clémence qui m’apportent un vrai soulagement et en enfouissant la tête dans le cou de mon homme. Je gère comme je peux, en me concentrant sur ma respiration et en m’aidant avec des cris graves qui me soulagent eux-aussi. Clémence appelle Magali. Je sais que cela signifie que la naissance est proche ce qui me soulage un peu au milieu de ce flot de contractions. Clémence me fait toucher la tête. J’ai mal, mais là encore une vague de joie m’envahit. Il est là, tout près.
La baignoire est prête mais je ne veux plus bouger. Je suis née dans l’eau et j’aurais aimé accoucher dans l’eau à mon tour. Sauf que 20 minutes plus tard lorsque la baignoire est prête, c’est moi qui ne le suis plus. A cet instant, j’ai l’impression que le moindre changement de position viendrait bouleverser mon équilibre très instable de gestion des contractions. Alors me déplacer du lit jusqu’à la baignoire me semble complètement impossible et au-dessus de mes forces.
Tout s’accélère, les contractions s’enchainent avec des pauses de plus en plus courtes.

Magali arrive à 15h30. C’est un signe de plus de l’arrivée toute proche de notre bébé. Elle me dit que l’on commence à voir ses cheveux et je souris malgré la douleur.
Je suis bien entourée. Clémence continue les massages et Magali tient ma jambe pour m’aider pendant les poussées. Entre chaque contraction elles me mettent de l’huile et un linge chaud sur le périnée. Bryan continue à m’encourager et je me cramponne à son cou. Il me rafraichit le visage dès que la douleur diminue. Sa présence me donne de la force, un peu comme une bouée de sauvetage parmi ces vagues de douleur intense.

Cela fait maintenant presque 1h que je pousse et la douleur est chaque fois plus forte. Entre les contractions je leur demande si cette fois c’est la dernière. Elles s’enchainent en me laissant presque aucun répit. J’ai l’impression que je n’y arriverai jamais mais j’essaye de rester forte. Mes cris sont de plus en plus puissants, à la hauteur de ma douleur.
Et puis la contraction ultime arrive enfin. Je pousse de toutes mes forces. J’ai l’impression de me déchirer et en même temps je ressens un soulagement immense. La tête est passée. Un dernier effort et je peux enfin l’attraper et le poser tout contre moi. Une joie intense nous envahit.

Il est là. Notre Robin, à 16h35 le 21 décembre. Tout pile entre le terme suisse et le terme français (ses deux nationalités). Il est là dans mes bras et me semble bien petit finalement après ces 1h15 de poussée. Il nous regarde déjà de ses grands yeux sous la lumière tamisée de la salle de naissance.
Après une dizaine de minutes, Bryan coupe le cordon. Robin découvre le peau à peau avec son papa pendant que Magali et Clémence s’affairent autour de moi suite à la délivrance du placenta qui ne semble pas complet. Mon utérus fatigué ne se contracte plus et les saignements continuent. Mais nos 2 sages-femmes gèrent tellement bien la situation que nous ne réalisons pas vraiment ce qui est en train de se passer. Une perfusion plus tard et quelques points à la frontale pour ne pas briser cette atmosphère tamisée et nous pouvons profiter pleinement de ce bonheur tout frais d’être 3.
Clémence et Magali nous apportent un bon plat de spaghettis bolognaise au lit et nous laissent profiter tranquillement tous les 3 pendant deux bonnes heures. Mais ce n’est pas suffisant pour me requinquer après les saignements de la délivrance. Bryan me prend dans ses bras pour monter dans notre jolie chambre d’hôte à l’étage de Tilia. Nous dormons peu cette nuit-là, bien trop occupés à contempler notre joli bébé.

Nous nous sentions si bien dans ce joli cocon d’intimité qu’est Tilia, que nous y sommes restés 3 nuits, à se découvrir tous les 3. Nous ne pouvions pas souhaiter une plus belle rencontre avec notre bébé… Tout cela grâce à l’équipe formidable de la maison de naissance et en particulier à Clémence et Magali qui nous ont apporté tellement ce jour-là et les jours suivants. Nous ne pourrons jamais assez vous remercier.

  

 

     

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